Discussion:
Sapir : "L’Allemagne n’est pas un modèle"
(trop ancien pour répondre)
Cardinal de Hère
2014-01-18 13:58:06 UTC
Permalink
http://russeurope.hypotheses.org/1924

« L’Allemagne a détruit le marché de la zone euro »
17 janvier 2014
Par Jacques Sapir
Interview publiée dans AGRAPRESSE, n°3429-3430, pp. 7-9, 13 janvier 2014.

(PROPOS RECUEILLIS PAR YANNICK CURT)

Pour Jacques Sapir, directeur d’études à l’École des hautes études en
sciences sociales (EHESS) et auteur de l’ouvrage Faut-il sortir de
l’euro[1], la réussite de l’Allemagne tient beaucoup au fonctionnement
de la monnaie unique, au détriment des pays du sud de l’Europe.

Depuis plusieurs années, avec la campagne pour l’élection présidentielle
2012 en point d’orgue, la quasi-totalité de la classe politique parle
d’un modèle allemand vers lequel la France devrait tendre. Qu’est ce que
ce modèle ?

L’Allemagne n’est pas un modèle : on ne peut parler de modèle que si on
peut le généraliser. Or, on constate que les solutions qui ont été
adoptées en Allemagne ne peuvent fonctionner que parce que les pays qui
l’entourent ne les ont pas adoptées. C’est la différence de l’Allemagne
qui fait son succès, si tout le monde l’imitait, ce serait un échec
généralisé.

Pourquoi?

Parce que l’Allemagne a appliqué dans le cadre de la zone euro une
politique de cavalier solitaire. Alors que tous les pays procédaient à
des relances économiques à partir de 2002, l’Allemagne a décidé de
baisser ses salaires, c’est à dire de reporter sur les ménages toute une
partie des charges qui étaient payées par ses entreprises, réduisant
ainsi sa consommation. Elle a pu le faire parce que, dans le même temps,
la consommation des pays qui l’entourent continuait d’augmenter. Si tout
le monde avait appliqué la méthode allemande, cela aurait créé une crise
gravissime dans la zone euro dès 2003/2004. On voit bien qu’il y a
quelque chose de non généralisable.

Vous mettez aussi en avant la démographie déclinante de l’Allemagne…

Il y a une divergence massive entre la France et l’Allemagne : quand il
y a 650 à 680 000 jeunes qui arrivent sur le marché de l’emploi en
France, il y en a moins de 350 000 en Allemagne. Nous avons calculé ce
que serait le taux de chômage de l’Allemagne si elle avait la même
dynamique démographique que le France : elle aurait 1,5 à 2 millions de
chômeur en plus. L’Allemagne peut se permettre d’avoir une politique qui
est un succès, de court terme, uniquement parce qu’elle est dans une
démographie déclinante. Or, des pays qui ont une démographie aussi
différente que l’Allemagne et la France, avec un taux de fécondité de
1,6 contre 2,05 – ce qui est une différence énorme – sont contraints,
par l’euro, d’avoir la même politique économique.

Vous dites que la sortie de l’euro est inévitable. En quoi l’économie
allemande tire avantage de la monnaie unique?

Avant l’euro, il y avait une tendance à la réévaluation du deutschemark.
Les pays voisins, comme la France ou l’Espagne, dévaluaient
régulièrement leur monnaie. L’euro a gelé les taux de change aux niveaux
qu’ils avaient en 1999. Or, on constate que même avec une politique
monétaire qui est la même pour tous, l’inflation est très différente
selon les pays. Concrètement, l’Allemagne bénéficie d’un taux de change
de l’euro inférieur à ce que serait le taux de change normal du
deutschemark, parce qu’il est dans la même zone monétaire que l’Espagne
ou l’Italie. Cela lui donne un avantage considérable pour exporter vers
les pays hors de la zone euro. Quand on regarde le solde positif de la
balance commerciale allemande, on voit que jusqu’en 2010, il a été
majoritairement fait sur la zone euro ; puis, ayant épuisé et de fait,
détruit le marché de la zone euro, l’Allemagne, depuis 2011-2012,
redéveloppe massivement ses exportations en dehors de la zone euro. Des
pays comme l’Italie, l’Espagne ou le Portugal n’ont plus d’argent pour
payer les produits allemands. On est face à un système
extraordinairement pervers, dangereux pour tous ces pays et qui est une
véritable dynamite politique, car on voit monter une haine envers
l’Allemagne en Europe.

Selon vous, l’euro fort a empêché les pays d’Europe du sud de profiter
de leurs avantages comparatifs et de se développer?

L’euro fort est par exemple au cœur de la crise grecque : jusqu’à 2003,
la Grèce avait un déficit public, mais un déficit extérieur extrêmement
faible. Il y avait des exportations agricoles vers la Bulgarie, la
Roumanie et vers la Hongrie ; des exportations industrielles vers le
Moyen-Orient, et surtout, la Grèce était le chantier naval de tout l’est
du bassin méditerranéen, grâce à une vieille tradition d’expertise dans
la réparation navale. Tout ceci a disparu avec l’euro fort, car les
produits et services grecs sont devenus plus chers. Les compagnies
maritimes (celles qui payaient leurs impôts) le faisait en dollar. Quand
l’euro s’est apprécié de 35% par rapport au dollar, pour le
gouvernement, ça a été une perte de revenu fiscal d’autant.

Il existe aussi des distorsions de concurrence avec l’Allemagne, qui
bénéficie d’une absence de salaire minimum et de la main d’œuvre des
pays de l’Est. On demande aux agriculteurs français d’être plus
compétitifs, alors qu’ils sont déjà, techniquement, parmi les meilleurs
du monde. Comment construire l’Europe dans un tel contexte?

Il y a quelque chose d’assez inquiétant en Allemagne qui est la
dynamique des salaires : il y a très peu de chômage mais il y a entre 6
et 8 millions de travailleurs pauvres. Et là se pose la question de
savoir si on peut harmoniser le coût du travail : c’est possible, mais
par le bas, et ça provoque des dommages extrêmement élevés. Il faudrait,
pour faire fonctionner un système hétérogène en matière de lois
sociales, de protections sociales, de salaires, l’équivalent des
montants compensatoires monétaires (des taxes aux exportations), qui ont
fonctionné en Europe dans les années soixante. Mais il y a un vrai souci
en matière de politique agricole : quel type d’agriculture voulons-nous
réellement développer ? La politique agricole française, en dépit d’un
discours sur la qualité, reste essentiellement une politique axée sur la
quantité, avec des mécanismes de subvention qui, dans le moyen terme,
avantagent les plus gros agriculteurs. Nous n’échapperons pas, dans
quelque système que nous nous trouvions, dans l’euro ou hors de l’euro,
à une remise à plat de cette politique agricole, avec la question de
savoir si on axe notre agriculture sur des biens exportables – pourquoi
pas, mais dans quelles conditions, où sur une agriculture de qualité,
avec des circuits commerciaux qui le permettent. Je pense qu’on ne peut
pas concevoir une politique agricole de manière séparée d’une politique
des réseaux de distribution. En réalité aujourd’hui, une partie de
l’argent qui va aux agriculteurs ne fait que transiter dans les fermes
et va dans la poche des grands distributeurs. Il faudrait réserver dans
toutes les agglomération des places pour les coopératives de producteurs
: on peut le faire, mais il faut en avoir la volonté politique, qui va
se heurter aux centrales d’achats. On pourrait peut-être imaginer le
fait d’imposer à toutes les grandes surfaces de réserver 20% de leur
surface de vente alimentaire à des producteurs paysans, à de bonnes
conditions.

Le ministre parle volontiers de relocaliser l’agriculture, mais le
pendant politique, avec de vraies mesures qui protègeraient nos marchés
et nos agriculteurs, a du mal à émerger…

L’exemple même en a été donné par l’écotaxe, qui est dans son principe
une excellente idée, mais qui a été dans son application quelque chose
de tout à fait effroyable : ca veut dire qu’un produit qui vient de
Dordogne sur Paris sera plus taxé que des prunes du Chili qui sont
débarquées à Roissy. C’est absolument absurde ! Ca ne veut pas dire
qu’il faut renoncer à l’écotaxe, il faut en changer le mode de calcul.
On peut imaginer un système avec un coût très faible pour moins de 300
kilomètres, qui monte très fortement de 300 à 800 km, et qui devient
prohibitif au delà. Ce serait déjà un début de solution.

Sur ce sujet, que vous inspire le mouvement des bonnets rouges?

C’est un objet de sciences sociales extrêmement intéressant. Il a comme
déclencheur une révolte antifiscale, vieille tradition en France. Mais
quand on regarde les structures sociales, on voit un vrai problème de
crise dans le grand Ouest. Cette région a connu une logique de
développement plutôt favorable jusqu’à 2007-2008, mais est aujourd’hui
en train de basculer dans la crise avec des phénomènes de paupérisation
très brutaux, pas tellement dans les villes mais en périphérie et dans
les petits bourgs. Il y a depuis quelques années la montée d’une vraie
misère rurale, qui n’est pas nécessairement une misère paysanne. Très
souvent, une ou deux entreprises sont les principaux fournisseurs
d’emplois du bassin, et l’homme et la femme d’un couple travaillent
parfois dans la même. Si elle ferme, qu’est ce qu’on fait ? Il y a aussi
beaucoup de petites entreprises de moins de dix personnes, dans
lesquelles la relation sociale est très différente d’entreprises plus
grosses. Très souvent, une partie des employés est liée familialement au
propriétaire : la femme fait la comptabilité, le beau-fils y travaille…
Quand se pose la question de la survie de l’entreprise, il y a une
coagulation des intérêts des employés avec le patron. Le niveau de vie
d’un petit patron n’est pas fondamentalement différent de celui de ses
employés. Cela permet de comprendre la création de cette espèce de
solidarité sociale. Le mouvement des bonnets rouges est un vrai
mouvement populaire. L’écotaxe a été le déclencheur, mais même sans, il
serait apparu. Une autre chose importante est le rôle des femmes : que
ce soit en qualité de militantes syndicales, d’agitatrices, elles sont
en nombre important. Très souvent, c’est la femme qui va travailler dans
la petite usine du coin alors que l’homme reste dans la ferme familiale.
Il y a aussi une tradition culturelle de Bretagne périphérique, les
femmes de marin sont celles qui tiennent la famille.

[1] Sapir J., Faut-il sortir de l’Euro ?, Paris, Le seuil, 2012 .
Jacques Sapir
Cardinal de Hère
2014-01-18 14:28:03 UTC
Permalink
Post by Cardinal de Hère
http://russeurope.hypotheses.org/1924
« L’Allemagne a détruit le marché de la zone euro »
17 janvier 2014
Par Jacques Sapir
Interview publiée dans AGRAPRESSE, n°3429-3430, pp. 7-9, 13 janvier 2014.
(PROPOS RECUEILLIS PAR YANNICK CURT)
Pour Jacques Sapir, directeur d’études à l’École des hautes études en
sciences sociales (EHESS) et auteur de l’ouvrage Faut-il sortir de
l’euro[1], la réussite de l’Allemagne tient beaucoup au fonctionnement
de la monnaie unique, au détriment des pays du sud de l’Europe.
Depuis plusieurs années, avec la campagne pour l’élection présidentielle
2012 en point d’orgue, la quasi-totalité de la classe politique parle
d’un modèle allemand vers lequel la France devrait tendre. Qu’est ce que
ce modèle ?
L’Allemagne n’est pas un modèle : on ne peut parler de modèle que si on
peut le généraliser. Or, on constate que les solutions qui ont été
adoptées en Allemagne ne peuvent fonctionner que parce que les pays qui
l’entourent ne les ont pas adoptées. C’est la différence de l’Allemagne
qui fait son succès, si tout le monde l’imitait, ce serait un échec
généralisé.
Pourquoi?
Parce que l’Allemagne a appliqué dans le cadre de la zone euro une
politique de cavalier solitaire. Alors que tous les pays procédaient à
des relances économiques à partir de 2002, l’Allemagne a décidé de
baisser ses salaires, c’est à dire de reporter sur les ménages toute une
partie des charges qui étaient payées par ses entreprises, réduisant
ainsi sa consommation. Elle a pu le faire parce que, dans le même temps,
la consommation des pays qui l’entourent continuait d’augmenter. Si tout
le monde avait appliqué la méthode allemande, cela aurait créé une crise
gravissime dans la zone euro dès 2003/2004. On voit bien qu’il y a
quelque chose de non généralisable.
Vous mettez aussi en avant la démographie déclinante de l’Allemagne…
Il y a une divergence massive entre la France et l’Allemagne : quand il
y a 650 à 680 000 jeunes qui arrivent sur le marché de l’emploi en
France, il y en a moins de 350 000 en Allemagne. Nous avons calculé ce
que serait le taux de chômage de l’Allemagne si elle avait la même
dynamique démographique que le France : elle aurait 1,5 à 2 millions de
chômeur en plus. L’Allemagne peut se permettre d’avoir une politique qui
est un succès, de court terme, uniquement parce qu’elle est dans une
démographie déclinante. Or, des pays qui ont une démographie aussi
différente que l’Allemagne et la France, avec un taux de fécondité de
1,6 contre 2,05 – ce qui est une différence énorme – sont contraints,
par l’euro, d’avoir la même politique économique.
Vous dites que la sortie de l’euro est inévitable. En quoi l’économie
allemande tire avantage de la monnaie unique?
Avant l’euro, il y avait une tendance à la réévaluation du deutschemark.
Les pays voisins, comme la France ou l’Espagne, dévaluaient
régulièrement leur monnaie. L’euro a gelé les taux de change aux niveaux
qu’ils avaient en 1999. Or, on constate que même avec une politique
monétaire qui est la même pour tous, l’inflation est très différente
selon les pays. Concrètement, l’Allemagne bénéficie d’un taux de change
de l’euro inférieur à ce que serait le taux de change normal du
deutschemark, parce qu’il est dans la même zone monétaire que l’Espagne
ou l’Italie. Cela lui donne un avantage considérable pour exporter vers
les pays hors de la zone euro. Quand on regarde le solde positif de la
balance commerciale allemande, on voit que jusqu’en 2010, il a été
majoritairement fait sur la zone euro ; puis, ayant épuisé et de fait,
détruit le marché de la zone euro, l’Allemagne, depuis 2011-2012,
redéveloppe massivement ses exportations en dehors de la zone euro. Des
pays comme l’Italie, l’Espagne ou le Portugal n’ont plus d’argent pour
payer les produits allemands. On est face à un système
extraordinairement pervers, dangereux pour tous ces pays et qui est une
véritable dynamite politique, car on voit monter une haine envers
l’Allemagne en Europe.
Selon vous, l’euro fort a empêché les pays d’Europe du sud de profiter
de leurs avantages comparatifs et de se développer?
L’euro fort est par exemple au cœur de la crise grecque : jusqu’à 2003,
la Grèce avait un déficit public, mais un déficit extérieur extrêmement
faible. Il y avait des exportations agricoles vers la Bulgarie, la
Roumanie et vers la Hongrie ; des exportations industrielles vers le
Moyen-Orient, et surtout, la Grèce était le chantier naval de tout l’est
du bassin méditerranéen, grâce à une vieille tradition d’expertise dans
la réparation navale. Tout ceci a disparu avec l’euro fort, car les
produits et services grecs sont devenus plus chers. Les compagnies
maritimes (celles qui payaient leurs impôts) le faisait en dollar. Quand
l’euro s’est apprécié de 35% par rapport au dollar, pour le
gouvernement, ça a été une perte de revenu fiscal d’autant.
Il existe aussi des distorsions de concurrence avec l’Allemagne, qui
bénéficie d’une absence de salaire minimum et de la main d’œuvre des
pays de l’Est. On demande aux agriculteurs français d’être plus
compétitifs, alors qu’ils sont déjà, techniquement, parmi les meilleurs
du monde. Comment construire l’Europe dans un tel contexte?
Il y a quelque chose d’assez inquiétant en Allemagne qui est la
dynamique des salaires : il y a très peu de chômage mais il y a entre 6
et 8 millions de travailleurs pauvres. Et là se pose la question de
savoir si on peut harmoniser le coût du travail : c’est possible, mais
par le bas, et ça provoque des dommages extrêmement élevés. Il faudrait,
pour faire fonctionner un système hétérogène en matière de lois
sociales, de protections sociales, de salaires, l’équivalent des
montants compensatoires monétaires (des taxes aux exportations), qui ont
fonctionné en Europe dans les années soixante. Mais il y a un vrai souci
en matière de politique agricole : quel type d’agriculture voulons-nous
réellement développer ? La politique agricole française, en dépit d’un
discours sur la qualité, reste essentiellement une politique axée sur la
quantité, avec des mécanismes de subvention qui, dans le moyen terme,
avantagent les plus gros agriculteurs. Nous n’échapperons pas, dans
quelque système que nous nous trouvions, dans l’euro ou hors de l’euro,
à une remise à plat de cette politique agricole, avec la question de
savoir si on axe notre agriculture sur des biens exportables – pourquoi
pas, mais dans quelles conditions, où sur une agriculture de qualité,
avec des circuits commerciaux qui le permettent. Je pense qu’on ne peut
pas concevoir une politique agricole de manière séparée d’une politique
des réseaux de distribution. En réalité aujourd’hui, une partie de
l’argent qui va aux agriculteurs ne fait que transiter dans les fermes
et va dans la poche des grands distributeurs. Il faudrait réserver dans
toutes les agglomération des places pour les coopératives de producteurs
: on peut le faire, mais il faut en avoir la volonté politique, qui va
se heurter aux centrales d’achats. On pourrait peut-être imaginer le
fait d’imposer à toutes les grandes surfaces de réserver 20% de leur
surface de vente alimentaire à des producteurs paysans, à de bonnes
conditions.
Le ministre parle volontiers de relocaliser l’agriculture, mais le
pendant politique, avec de vraies mesures qui protègeraient nos marchés
et nos agriculteurs, a du mal à émerger…
L’exemple même en a été donné par l’écotaxe, qui est dans son principe
une excellente idée, mais qui a été dans son application quelque chose
de tout à fait effroyable : ca veut dire qu’un produit qui vient de
Dordogne sur Paris sera plus taxé que des prunes du Chili qui sont
débarquées à Roissy. C’est absolument absurde ! Ca ne veut pas dire
qu’il faut renoncer à l’écotaxe, il faut en changer le mode de calcul.
On peut imaginer un système avec un coût très faible pour moins de 300
kilomètres, qui monte très fortement de 300 à 800 km, et qui devient
prohibitif au delà. Ce serait déjà un début de solution.
Sur ce sujet, que vous inspire le mouvement des bonnets rouges?
C’est un objet de sciences sociales extrêmement intéressant. Il a comme
déclencheur une révolte antifiscale, vieille tradition en France. Mais
quand on regarde les structures sociales, on voit un vrai problème de
crise dans le grand Ouest. Cette région a connu une logique de
développement plutôt favorable jusqu’à 2007-2008, mais est aujourd’hui
en train de basculer dans la crise avec des phénomènes de paupérisation
très brutaux, pas tellement dans les villes mais en périphérie et dans
les petits bourgs. Il y a depuis quelques années la montée d’une vraie
misère rurale, qui n’est pas nécessairement une misère paysanne. Très
souvent, une ou deux entreprises sont les principaux fournisseurs
d’emplois du bassin, et l’homme et la femme d’un couple travaillent
parfois dans la même. Si elle ferme, qu’est ce qu’on fait ? Il y a aussi
beaucoup de petites entreprises de moins de dix personnes, dans
lesquelles la relation sociale est très différente d’entreprises plus
grosses. Très souvent, une partie des employés est liée familialement au
propriétaire : la femme fait la comptabilité, le beau-fils y travaille…
Quand se pose la question de la survie de l’entreprise, il y a une
coagulation des intérêts des employés avec le patron. Le niveau de vie
d’un petit patron n’est pas fondamentalement différent de celui de ses
employés. Cela permet de comprendre la création de cette espèce de
solidarité sociale. Le mouvement des bonnets rouges est un vrai
mouvement populaire. L’écotaxe a été le déclencheur, mais même sans, il
serait apparu. Une autre chose importante est le rôle des femmes : que
ce soit en qualité de militantes syndicales, d’agitatrices, elles sont
en nombre important. Très souvent, c’est la femme qui va travailler dans
la petite usine du coin alors que l’homme reste dans la ferme familiale.
Il y a aussi une tradition culturelle de Bretagne périphérique, les
femmes de marin sont celles qui tiennent la famille.
[1] Sapir J., Faut-il sortir de l’Euro ?, Paris, Le seuil, 2012 .
Jacques Sapir
Je m'étonne que Hollande ne lise pas Sapir. Lui, Hollande, qui n'a
aucune capacité d'analyse, lui qui n'a aucune idée, il trouverait là de
quoi non pas alimenter sa réflexion puisqu'il n'en a aucune mais tout
simplement acquérir à peu de frais une pensée. Ne dirait-on pas que
quelque chose ou quelqu'un lui interdit toute compréhension ? Tout se
passe comme si à chaque fois qu'il s'essayait à penser un cerbère
intériorisé ou peut-être présent dans le monde réel lui aboyait :

<Loading Image...>
Tarasz
2014-01-18 16:01:50 UTC
Permalink
Post by Cardinal de Hère
Je m'étonne que Hollande ne lise pas Sapir. Lui, Hollande, qui n'a
aucune capacité d'analyse, lui qui n'a aucune idée, il trouverait là de
quoi non pas alimenter sa réflexion puisqu'il n'en a aucune mais tout
simplement acquérir à peu de frais une pensée.
Hollande vit aves la russophobie propre à son milieu et aussi héritée du
sionisme. C'est un handicap intellectuel insurmontable qui lui interdit
d'aller voir quoi que ce soit en dehors de son système.
Cardinal de Hère
2014-01-18 16:13:03 UTC
Permalink
Post by Tarasz
Post by Cardinal de Hère
Je m'étonne que Hollande ne lise pas Sapir. Lui, Hollande, qui n'a
aucune capacité d'analyse, lui qui n'a aucune idée, il trouverait là de
quoi non pas alimenter sa réflexion puisqu'il n'en a aucune mais tout
simplement acquérir à peu de frais une pensée.
Hollande vit aves la russophobie propre à son milieu et aussi héritée du
sionisme. C'est un handicap intellectuel insurmontable qui lui interdit
d'aller voir quoi que ce soit en dehors de son système.
C'est fort possible. Ça expliquerait sa haine quasiment raciale de toute
expérience économique et sociale qui sortirait des clous du libéralisme
et du gangstérisme américano-sioniste. Car pour Hollande celui qui est
contre la construction européenne et contre le libéralisme est forcément
un être taré à éliminer.
ST
2014-01-18 16:49:51 UTC
Permalink
["Followup-To:" header set to fr.soc.economie.]
Post by Tarasz
Hollande vit aves la russophobie propre à son milieu et aussi héritée du
sionisme. C'est un handicap intellectuel insurmontable qui lui interdit
d'aller voir quoi que ce soit en dehors de son système.
M.Hollande n'envisage rien de tel de toutes façons, il ne connait même
pas Sapir, il a pas le temps, il baise.
--
François la sens-tu qui se glisse dans ton cul, la quenelle ?
Alabenne
2014-01-18 18:14:16 UTC
Permalink
Post by Cardinal de Hère
Vous mettez aussi en avant la démographie déclinante de l’Allemagne…
Il y a une divergence massive entre la France et l’Allemagne : quand il
y a 650 à 680 000 jeunes qui arrivent sur le marché de l’emploi en
France, il y en a moins de 350 000 en Allemagne. Nous avons calculé ce
que serait le taux de chômage de l’Allemagne si elle avait la même
dynamique démographique que le France : elle aurait 1,5 à 2 millions de
chômeur en plus.
ben, oui, et en conséquence elle a fait ce qu'il fallait pour éviter ces
1.5 ou 2 millions de chômeurs : réduire la natalité. En France, on a
fait l'inverse : on a encouragé les débiles mentaux à se reproduire, et
à faire des enfants, à qui il est impossible d'apprendre à lire, alors
leur apprendre un métier, vous n'y pensez pas.
Par ailleurs, ceux qui n'ont pas été appelés à la vie ne se plaignent de
rien, même pas de ne pas être chÔmeurs.
Post by Cardinal de Hère
L’Allemagne peut se permettre d’avoir une politique qui
est un succès, de court terme, uniquement parce qu’elle est dans une
démographie déclinante.
ben, si tu penses que la stratégie de la France est gagnante sur le long
terme, de quoi tu te plains ?
Tu fais tes choix et tu assumes.
Post by Cardinal de Hère
Or, des pays qui ont une démographie aussi
différente que l’Allemagne et la France, avec un taux de fécondité de
1,6 contre 2,05 – ce qui est une différence énorme – sont contraints,
par l’euro, d’avoir la même politique économique.
Vous dites que la sortie de l’euro est inévitable. En quoi l’économie
allemande tire avantage de la monnaie unique?
Avant l’euro, il y avait une tendance à la réévaluation du deutschemark.
Les pays voisins, comme la France ou l’Espagne, dévaluaient
régulièrement leur monnaie.
oui, c'est ça, vive la dévaluation !
Et ça ne marche que si le voisin ne dévalue pas aussi.
Comme il n'est pas con, il dévalue aussi, donc gain final : 0.
ST
2014-01-18 19:17:43 UTC
Permalink
["Followup-To:" header set to fr.soc.economie.]
Post by Alabenne
oui, c'est ça, vive la dévaluation !
Et ça ne marche que si le voisin ne dévalue pas aussi.
Comme il n'est pas con, il dévalue aussi, donc gain final : 0.
Non, c'est faux, la France a mené bien plus de dévaluation dans son
histoire que l'Allemagne.

Au final, c'est une évolution naturelle, on dévalue pour ré-aligner une
situation, le voisin se retrouve avec une monnaie forte qui lui donne un
plus grand pouvoir d'achat à l'importation, il n'est pas non plus
perdant dans cette affaire. Ensuite, il dévalue, ou pas, mais le fait
est que la dynamique a changé, évolué ...
--
François la sens-tu qui se glisse dans ton cul, la quenelle ?
Cardinal de Hère
2014-01-18 20:11:53 UTC
Permalink
Post by Alabenne
Post by Cardinal de Hère
Vous mettez aussi en avant la démographie déclinante de l’Allemagne…
Il y a une divergence massive entre la France et l’Allemagne : quand il
y a 650 à 680 000 jeunes qui arrivent sur le marché de l’emploi en
France, il y en a moins de 350 000 en Allemagne. Nous avons calculé ce
que serait le taux de chômage de l’Allemagne si elle avait la même
dynamique démographique que le France : elle aurait 1,5 à 2 millions de
chômeur en plus.
ben, oui, et en conséquence elle a fait ce qu'il fallait pour éviter ces
1.5 ou 2 millions de chômeurs : réduire la natalité. En France, on a
fait l'inverse : on a encouragé les débiles mentaux à se reproduire, et
à faire des enfants, à qui il est impossible d'apprendre à lire, alors
leur apprendre un métier, vous n'y pensez pas.
Par ailleurs, ceux qui n'ont pas été appelés à la vie ne se plaignent de
rien, même pas de ne pas être chÔmeurs.
Post by Cardinal de Hère
L’Allemagne peut se permettre d’avoir une politique qui
est un succès, de court terme, uniquement parce qu’elle est dans une
démographie déclinante.
ben, si tu penses que la stratégie de la France est gagnante sur le long
terme, de quoi tu te plains ?
Tu fais tes choix et tu assumes.
Post by Cardinal de Hère
Or, des pays qui ont une démographie aussi
différente que l’Allemagne et la France, avec un taux de fécondité de
1,6 contre 2,05 – ce qui est une différence énorme – sont contraints,
par l’euro, d’avoir la même politique économique.
Vous dites que la sortie de l’euro est inévitable. En quoi l’économie
allemande tire avantage de la monnaie unique?
Avant l’euro, il y avait une tendance à la réévaluation du deutschemark.
Les pays voisins, comme la France ou l’Espagne, dévaluaient
régulièrement leur monnaie.
oui, c'est ça, vive la dévaluation !
Et ça ne marche que si le voisin ne dévalue pas aussi.
Comme il n'est pas con, il dévalue aussi, donc gain final : 0.
Tu m'as l'air de te plaindre beaucoup. Sais-tu que ceux à qui l'on a
retiré la vie ne s'en plaigne même pas. Dingue...

Continuer la lecture sur narkive:
Loading...